My Shell (3) – Live from the barracks

Comment préparér une "tournée" et enregistrer sans filet

CONCERT#3615MYLIFE

Jay Sunday

10/25/20243 min read

Photo sepia d'un panneau "Hyemondans" à 2 km
Photo sepia d'un panneau "Hyemondans" à 2 km

On était fin prêts pour la "tournée". La première date avait lieu à La Cude Plein Nord. Il faut vous parler de cet endroit, auberge-brasserie cachée au fond des bois, tenue par le Jacques, un fan de musique d’une gentillesse infinie. Entre les balances et le concert, il nous avait nourris de cancoillotte, de saucisse et de galettes de patate – rien de mieux pour préparer une performance musicale. La Cude a été victime d’un incendie en octobre 2021, j’espère que le Jacques aura la foi de tenir jusqu’à la réouverture de ce lieu magique.

Le samedi du premier week-end de ce My Shell tour est remarquable à tous niveaux. On avait fait une liste exhaustive du matos à emmener pour jouer live, jusqu’au moindre câble et à la moindre vis. On vise la checklist avant de partir, devant les voitures. Tout est bon, on part ! 80 kilomètres plus tard, je m’exclame : « putain j’ai oublié ma basse ! ». Ah ça oui on avait emmené les cordes de rechange et le gaffer, mais pas mon instrument. Vu qu’il était trop tard pour faire l’aller/retour, j’ai fini par emprunter la basse d’un autre groupe qui jouait au même festival que nous (« euh j’ai eu un pb de micros sur la mienne hier, elle est partie au recâblage, tu peux me prêter la tienne ? »). Heureusement j’avais des repères sur 5 cordes par le passé, sinon ça aurait été un carnage…

Le concert terminé, on repart direction Belfort sans attendre la tête d’affiche du festoche (c’était Ange qui clôturait ce soir là). En passant près de la Poudrière, Baptiste nous dit « eh mais il y a le concours de Air Band ce soir ! ». Vous voyez le Air Guitar ? Le Air Band, c’est pareil mais à plusieurs air-instruments. Ni une ni deux, on se gare, on rentre, on s’inscrit à l’arrache pour une air-prestation électrique sur « Pour un Mosh » d’Ultra Vomit. Baptiste étant passé de la batterie à la air-guitare, il n’hésite pas à courir partout et à sauter en l’air tel un air-skater de l’extrême (la photo en atteste). Le air-morceau se termine, on part en coulisses (première fois que je verrai de la coke quelque part), mais Baptiste semble à la traîne. « Les gars, je crois que je me suis pété le genou ». Tu crois pas si bien dire… Rupture des croisés ! Il fallait encore faire deux concerts la semaine d’après…

Batteur de l’extrême, Baptiste réussira à assurer les concerts jusqu’au dernier, point d’orgue d’un assemblage de dates de bric et de broc, le 21 juin dans un bar de Belfort et devant à peu près 3 personnes (copines incluses). Je crois que c’est ce concert qui m’a vacciné à jamais de jouer le jour de la fête de la musique !

Cette tournée n’aura jamais aussi bien porté l’adage : un groupe de rock, c’est trois mecs qui trimballent 20000 euros de matos dans une bagnole à 2000 balles pour gagner 20 balles. Mais qu’est-ce qu’on s’est amusés ! Je crois même que ça s’entend même sur l’enregistrement. Mais je manque d'objectivité. Vous pouvez écouter "At the barracks" et vous faire une idée.

Image très floue de 3 musiciens bondissants
Image très floue de 3 musiciens bondissants

L'instant fatidique

2008. Deux ans après avoir relancé le groupe et enregistré Créatures Lunaires nous voilà à la tête de 8 morceaux qui tournent plutôt pas mal. Ca fait maintenant près de 5 ans qu’on joue ensemble – avec des interruptions, certes, mais on travaille tous notre instrument un bon paquet d’heures dans d’autres projets et on est au max de nos capacités – rétrospectivement, c’est ce que je me dis en tout cas.

Ayant réussi à booker ce qu’on a pu pour la blague appeler une « tournée » (5 concerts en 2 semaines dans un rayon de 100 km), on a beaucoup répété les morceaux, on les avait sur le bout des doigts et on avait une cohésion de groupe en béton. Alors pourquoi pas enregistrer tout ça dans les conditions du live ? Pas de métronome, pas d’overdubs, pas de triche, rien que le son et l'énergie de 3 musiciens plus soudés que jamais.

Mitch est venu nous enregistrer un weekend de répète à la caserne Maud’huy avec son studio mobile. Nous n'avions qu'une journée et pas le temps de finasser. Ce "Live at the Barracks", c'est le testament audio de nos performances d’alors. Je crois qu’on n’a pas à rougir, au contraire – a-t-on jamais sonné aussi bien ?